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Philippe
BOOTZ
Vers
un multimédia contraint et a-média
1 Une mutation récente de l’écriture multimédia
poétique.
Durant les deux dernières décennies, le multimédia littéraire
a forgé ses genres fondamentaux (hypertexte, littérature algorithmique,
poésie animée) à partir d’une conception globale.
Le travail de l’auteur revenait à concevoir le comportement d’ensemble
de l’œuvre, en gérant notamment chaque média dans
sa spécificité.
Il se pourrait bien qu’une évolution de la conception du multimédia
vienne, sous peu, modifier en profondeur cette approche. Une telle évolution
est déjà perceptible. Les œuvres récentes de PH
Burgaud, X. Malbreil, A. Gherban, pour ne citer que quelques auteurs, me semblent
caractéristiques de cet état de fait. Cette évolution
repose sur la prise en compte de la notion d’objet au détriment
d’une unité globale de l’écran-son. Elle s’inscrit
donc dans une tradition de la poésie animée héritée
de la littérature visuelle, celle du collage. Il n’y aurait rien
de fondamentalement nouveau si l’informatique ne venait, comme à
l’accoutumée, ajouter une fonctionnalité à cette
structuration phénoménale des niveaux perceptifs. Ce qui me
semble, fondamentalement, caractériser l’art informatique à
lecture privée, et ce depuis les origines, est bien cette complémentarité
entre objet et fonction qui rend la notion traditionnelle de signe très
insuffisante pour analyser le comportement sémiotique de telles œuvres.
La fonction, en l’occurrence, qui vient compléter la notion d’objet
pour orienter une nouvelle esthétique est celle de comportement.
C’est Alexandre Gherban qui a le premier attiré mon attention
sur l’importance des comportements comme moteurs de la création
informatique. Pourtant, à bien y regarder, une telle approche n’est
pas totalement nouvelle. On assiste simplement aujourd’hui, peut-être,
à la prise de conscience d’une orientation sous-jacente dès
la troisième génération d’œuvres, la première
étant constituée des œuvres de sensibilisation créées
dans les années 60-70, la seconde par les œuvres pionnières
des trois genres (hypertexte, combinatoire, animation syntaxique) dans les
années 80 - début des années 90 et cette troisième
par celles qui ont mixé et fait éclaté ces genres au
milieu des années 90. Une telle prise de conscience ne saurait manquer
d’être productive sur le plan de la création.
On trouve en effet une première proposition fondée sur la notion
d’objet avec IO d’André Vallias. Cette œuvre date
de 1995 et a été publiée dans alire10/DOC(K)S en 1997.
Puis, en 2000, Eric Sérandour, à propos de h, publiée
dans la revue lit&ratique, utilise l’interactivité comme
perturbation d’un processus stationnaire, le programme gérant
alors une phase transitoire autonome de retour à l’équilibre.
Il énonce à cette occasion un principe d’indépendance
comportementale de l’œuvre relativement aux actions du lecteur
: les processus perceptibles de l’œuvre n’ont pas à
attendre le bon vouloir d’un lecteur. L’autonomie des processus
observables de l’œuvre était déjà à
la base de la poésie animée et l’indépendance qu’il
postule à la base du fonctionnement de la forme à-lecture-unique
que je développe depuis 1995. C’est donc toute une tradition
qui, petit à petit, fait émerger une nouvelle définition
du multimédia, certainement plus proche de sa nature informatique et
plus éloignée de la conception algorithmique globale que Jean-Pierre
Balpe traduit avec bonheur dans sa théorie de la méta-écriture.
Afin de comprendre le fonctionnement de ces œuvres et les recherches
qu’elles engendrent, il n’est pas inutile de rappeler quelques
résultats du modèle procédural que j’ai forgé
à partir de l’analyse des œuvres publiées en France
entre 1985 et 2000.
2 Quelques résultats du modèle procédural.
Ce modèle systémique est fondé sur un postulat : les
représentations mentales sont au fondement des stratégies d’écriture
et de lecture et le fonctionnement technique du dispositif conditionne dans
une large mesure les événements observables de l’œuvre,
de sorte qu’on ne saurait appréhender cette dernière uniquement
dans une perspective structurelle algorithmique, ni, d’ailleurs, à
partir de la seule observation sur une machine particulière. Il faut
analyser la communication dans son double mouvement : synchronique et diachronique.
L’analyse de l’évolution des conceptions montre qu’on
ne saurait isoler les représentations mentales du fonctionnement technique
qui les engendre.
Le résultat fondamental du modèle est la " séparation
des domaines " qui se décline sous plusieurs formes. L’une
d’elles consiste à remarquer que le lecteur ne peut avoir accès,
à partir de sa seule lecture, au travail réel de l’auteur
et que l’auteur ne travaille pas la matière observable de la
façon dont le lecteur l’appréhendera. Toute stratégie
d’écriture doit se positionner par rapport à cette séparation.
Une position extrême est donnée par les premières œuvres
de poésie animée non interactive qui se voulaient transparentes
au lecteur. Elles ont tenté de décrire, simplement, dans le
programme, les phénomènes observables. Il s’est avéré
qu’une telle tentative était vouée à l’échec
car un programme n’est pas une description structurelle d’un objet
observable mais un ensemble d’ordres à destination d’un
processus, l’exécution, dont le phénomène observable
est le produit. Ce phénomène n’étant pas un objet
mais un état transitoire n’a aucune autre permanence que celle
de la représentation mentale (le texte-lu) qu’il laisse dans
la mémoire de qui l’a lu. La position opposée est celle
du générateur automatique qui utilise la séparation pour
masquer complètement l’algorithme génératif. Cette
utilisation a fait dire à Jean-Pierre Balpe qu’il n’est
pas l’auteur des textes générés. La plupart des
œuvres se situent entre ces deux positions extrêmes mais aucune
ne peut annuler cette séparation des domaines.
Cette séparation se traduit à travers plusieurs propriétés
de l’œuvre, si on définit cette dernière comme l’association
des phénomènes observés par l’auteur (programme
source et données : textes-auteur), par le lecteur dans son espace
multimédia (texte-à-voir) et par la fonction " génération
" qui transforme l’un en l’autre et dont la principale composante
(mais pas l’unique) est le processus d’exécution du programme
compilé sur la machine du lecteur. L’œuvre ne présente
pas les mêmes caractéristiques pour l’auteur et pour le
lecteur. L’auteur, quelque soit l’outil logiciel utilisé,
travaille l’événement observable par le lecteur comme
une association (séquentielle ou parallèle) d’objets autonomes
éventuellement doués de comportements et propriétés.
Ces objets, suivant la nature de l’œuvre, peuvent revêtir
des formes différentes (images individuelles, textes ou pages-écran
notamment) et se traduire sous des formes informatiques diverses (sous-programmes,
scripts, acteurs et images-objets, cartes). Cette diversité n’abolit
pas la réalité du phénomène observable pour l’auteur
: celle d’une association d’objets autonomes doués de comportement
et en interaction mutuelle dans le temps et l’espace. Cette gestion
par l’auteur des événements observables a reçu
le nom, dans le modèle, de " montage horizontal " pour indiquer
que le montage ne porte pas sur des séquences d’images mais sur
des séquences d’objets temporels. En revanche, le montage est
opéré en temps réel à l’exécution
et le lecteur n’est sensible qu’au produit de ce montage, produit
qui constitue la face observable de l’œuvre. Dans les approches
actuelles, ce visuel ou, plus généralement, l’événement
multimédia, se présente comme une image. Jean-Louis Weissberg
la qualifie d’image-actée. Bien sûr, cette ambivalence
structurelle n’empêche pas l’auteur de travailler le montage
en vue de constituer une image, ni le lecteur de percevoir des objets dans
l’image mais ces deux attitudes ne sont ni systématiques ni générales.
Le montage horizontal des objets permet notamment de fabriquer des images
combinatoires ou variationnelles, comme dans mes œuvres récentes,
sans pour autant que le lecteur perçoive les objets et encore moins
leurs règles d’association. La notion d’image actée
semble bien appropriée pour décrire les questions de réception,
certainement moins pour décrire la réalité programmatique
de l’événement observable.
Le second résultat important du modèle procédural est
" l’autonomie du processus ". Le modèle nomme ainsi
une propriété fondamentale de l’œuvre informatique,
relevée par ailleurs par les théoriciens de l’art numérique,
celle de l’autonomie de l’œuvre. Plus exactement, dans le
modèle, l’autonomie porte sur la fonction génération
définie ci-dessus. On peut alors affirmer que le scripteur du phénomène
observé par le lecteur est constitué de l’association
de l’auteur, du lecteur et des intervenants techniques. Les œuvres
présentent ainsi la particularité de ne jamais être sous
la dépendance complète d’un des protagonistes de la communication,
à savoir le lecteur et l’auteur. C’est pour cela que le
modèle procédural juge très insuffisantes les théories
qui postulent un contrôle opératoire total du lecteur comme la
théorie de l’hypertexte, ou celles, comme la théorie algorithmique,
qui postulent un contrôle opératoire complet de l’événement
observable par le programme.
Le travail de l’auteur ne peut certainement pas se concevoir autrement
qu’en termes algorithmiques (générateur automatique) ou
en terme de conception de structure et contenu (hypertexte), il n’empêche
que le fonctionnement technique du dispositif n’obéit pas à
cette logique. C’est la raison principale du choix fait dans le modèle
de ne pas dissocier le rôle des représentations mentales de celui
du fonctionnement technique. Il m’a conduit, dès 1994, à
concevoir un premier générateur adaptatif. Un générateur
adaptatif est un programme " pseudo-intelligent " qui tente de s’apercevoir
s’il se réalise ou non " comme prévu " par l’auteur.
Cette mesure porte uniquement sur des états internes puisque les périphériques
de sortie comme l’écran n’envoient pas d’information
au programme. Lorsque le programme constate une différence entre les
états réalisés et ceux attendus, il tente de se modifier
lui-même pour réduire l’écart. Il ne peut le faire,
bien sûr, en respectant la totalité des souhaits de l’auteur.
Ainsi donc, cette prise en compte de l’autonomie du processus, et notamment
de son autonomie technique, conduit à une nouvelle posture de l’auteur.
Celui-ci n’est plus uniquement le concepteur d’un projet mais
le gestionnaire de la brisure de ce projet. Il est amené à hiérarchiser
ses exigences, à en délaisser certaines si besoin est, à
assumer complètement sa perte d’autorité sur l’œuvre.
Une telle posture revêt un caractère dramatique, tout spécialement
dans notre société de l’information et de la communication
puisqu’elle repose sur l’acceptation et la gestion d’une
impossibilité de communication. Les générateurs adaptatifs
constituent une classe particulière, peut-être la plus ancienne,
de générateurs contraints.
3 Les générateurs contraints.
Mes recherches portent actuellement sur des types de comportements particuliers.
Considérés comme activité et " intelligence "
des objets à destination d’une lecture, ces comportements obéissent
à des visées sémiotiques. Ils sont composantes de stratégies
d’écriture. Deux orientations caractérisent les recherches
entreprises dans mes créations actuelles : celle du générateur
contraint et celle de la sémantique temporelle.
On peut définir, au sens large, un générateur, comme
un programme qui produit un résultat observable à la lecture.
Les programmes de création multimédia utilisent deux types d’algorithmes,
le plus souvent entrelacés : les algorithmes de synthèse et
ceux de réalisation. Un algorithme de synthèse crée un
objet de l’événement observable sous forme d’une
donnée interne. L’exemple typique de tels générateurs
est donné par les générateurs automatiques des années
80. Ils reflètent le côté algorithmique du traitement
sémiotique qui est une face du travail sur le multimédia. Un
algorithme de réalisation gère l’actualisation d’un
objet sous une forme observable à la lecture. Ce type de générateur
reflète l’autre face de la création multimédia
: le traitement perceptif. L’exemple typique de tels algorithmes est
donné par les œuvres de poésie animée des années
85-90. Ces deux faces sont naturellement complémentaires, aucune œuvre
ne pouvant se passer de l’une d’elle, et souvent intimement liées.
Les programmes actuellement utilisés par les auteurs gèrent
souvent les algorithmes de réalisation sous une forme métaphorique,
celle du scénario ou de la page-écran, en s’appuyant sur
le retour direct qu’offre la visualisation sur écran.
Si l’auteur veut s’éloigner du comportement mécanique,
il lui est nécessaire de " casser " ces divers algorithmes
en leur appliquant des contraintes dont certaines peuvent être algorithmiques.
Ces contraintes sont à destination de chacun des trois co-scripteurs
de l’événement observable : l’auteur, le lecteur
et l’ensemble des intervenants techniques. Elles peuvent être
conçues comme une modification de l’énoncé de l’algorithme
par une communication indirecte de l’auteur avec l’un des co-scripteurs.
Le générateur adaptatif mentionné ci-dessus est un générateur
contraint à destination des intervenants techniques. C’est en
mesurant à l’exécution l’influence de cet acteur
que l’auteur, par l’intermédiaire du programme lui-même,
modifie les énoncés des algorithmes. Cette modification peut
a priori affecter tout type d’algorithme mais il porte essentiellement
actuellement sur les algorithmes de réalisation car ce sont les plus
gourmands en ressources, notamment temporelles (éviter les attentes,
les brisures de rythmes, les désynchronisations intempestives, les
conflits entre durées d’exécution des instructions...)
Un générateur contraint à destination de l’auteur
lui-même est simplement un générateur plus complexe. Dans
l’exemple d’un extrait d’un générateur combinatoire,
haiiku/poncture, la contrainte est manifestée par l’action d’une
boucle logique si/alors portant sur un algorithme combinatoire comme le dévoile
l’analyse structurelle du programme.. Cette boucle garantit la cohérence
sémantique du parcours de lecture. Elle vise donc à rendre sémantiquement
compatible la non-linéarité de la structure combinatoire et
la linéarité de son actualisation en phénomène
observable. C’est bien encore pour des besoins de sémantique
temporelle que sont construites ces contraintes qui permettent à la
fonction génération de se passer de l’action du lecteur.
La création de Variations sur passage avec Marcel Frémiot au
Laboratoire de Musique Informatique de Marseille (MIM) a été
l’occasion de construire des contraintes à destination du lecteur.
Celles-ci portent uniquement sur les comportements perceptibles et donc sur
les algorithmes de réalisation. Elles se sont manifestées par
une " interprétation " du produit d’un algorithme de
synthèse lors de son actualisation. En clair, l’algorithme combinatoire
fabrique une séquence musicale particulière, qui possède
une cohérence et une structure reproduites à chaque occurrence,
mais cette séquence est plus ou moins étirée par des
silences en fonction d’impératifs de perception, de façon
à ne pas casser, ou s’opposer à, la sémantique
du visuel. L’ensemble multimédia constitue une combinatoire de
" focalisation ". C’est-à-dire que la perception des
éléments visuels est focalisée par un plan sonore mouvant
à chaque relecture, ce qui crée de fait une variation sémantique.
Par ailleurs toutes les solutions potentielles de l’algorithme de synthèse
combinatoire du niveau sonore ne sont pas retenues. Certaines sont éliminées
par des règles de sélection appliquées en fonction d’une
mesure a priori d’effets perceptifs non désirés (impression
d’uniformité de ton). L’algorithme combinatoire contraint
se rapproche donc d’une grammaire. Ici, également, c’est
l’analyse temporelle de l’événement observé
qui a guidé la construction des contraintes.
4 Des Unités Sémiotiques Temporelles ?
Comme on le voit, les contraintes, qui constituent des éléments
structurels du travail de l’auteur, sont fortement corrélées
du côté du lecteur à une sémiotique temporelle
de l’événement observable. Cette nouvelle manifestation
de la séparation des domaines nous invite à nous poser la question
de la sémiotique temporelle de l’événement observable.
Indépendamment de tout autre aspect sémantique, un événement
multimédia est-il susceptible d’obéir à une sémantique
temporelle ?
Cette question se pose depuis toujours en musique et les travaux de Pierre
Schaeffer relatifs aux objets musicaux ont donné naissance à
plusieurs approches théoriques d’identification d’une sémantique
temporelle. Les systèmes construits se réfèrent uniquement
à des expériences perceptives d’audition et sont indépendantes
d’une quelconque théorie de l’écriture. Ils revêtent
de ce fait un fort caractère d’universalité. Ils sont
orientés suivant une sémantique dynamique de perception du geste
à l’audition ou suivant une sémantique cinématique
de perception d’un mouvement d’ensemble particulier.
Les travaux effectués au MIM ont abouti à une classification
sémantique en UST (Unités sémiotiques Temporelles) cinématiques
des formes audibles. Cette classification a pu être illustrée
sur de nombreux exemples de musique classique et contemporaine. Trois œuvres
complètes ont même été complètement analysées
sous cet angle.
Or le travail de création poétique que j’ai mené
au sein du MIM m’a permis de mettre à jour des parentés
fortes entre le comportement des objets visuels programmés dans ces
créations et le comportement sonore. Cette parenté porte sur
les aspects pour lesquels le comportement visuel est conçu comme un
développement temporel. Il semblerait que les UST musicales puissent
s’appliquer aux objets visuels. L’exemple de l’extrait de
la nouvelle programmation de passage incite à rechercher des UST visuelles.
Cet exemple consiste à bloquer les algorithmes de réalisation
de tous les médias de l’événement observable à
l’exception d’un seul. L’analogie de comportement d’un
paramètre singulier de chaque média avec une UST musicale est
flagrante. Ces " UST visuelles ", si elles existent, ne recouvrent
pas la totalité de la signification. Le traitement temporel du texte,
notamment, est lu comme critère de cohérence d’une combinatoire
sémantique. Il possède un caractère syntaxique dans cette
combinatoire.
Un programme de recherche pluridisciplinaire a été lancé
au MIM en vue de corroborer cette intuition et d’aboutir, le cas échéant,
à une formalisation des UST indépendamment du média dans
lequel elles s’expriment. Une telle formalisation pourrait aboutir à
concevoir des générateurs d’objets multimédias
indépendants des médias, objets qu’on pourrait dès
lors nommer " a-médias " et dont les comportements produits
par synthèse pourraient se réaliser dans divers médias.
Une telle conception revient à élargir la définition
proposée plus haut et à considérer le multimédia
comme une association d’objets (dont certains a-médias) autonomes
doués de comportements et en interaction entre eux et avec le lecteur.
Une telle définition généralise la notion de comportement
: un comportement est une simple loi de déplacement dans l’espace
des phases de l’objet, c’est-à-dire une loi de variation
d’un ou plusieurs paramètres de l’objet pertinents d’un
point de vue sémiotique.
5 Conclusion.
On aurait pu penser, à entendre le jugement de certains jeunes auteurs,
notamment de ceux qui perpétuent la poésie sonore, que le multimédia
poétique avait quitté son statut de poésie du dispositif
pour rejoindre un statut plus standard de poésie de contenu, c’est-à-dire
considérer que le dispositif poétique multimédia était
parfaitement connu et que les auteurs pouvaient dorénavant se concentrer
sur le contenu. Un tel schéma semble bien réducteur. Certes,
les éléments préfigurés ici ne seront certainement
pas à l’origine d’une modification de la littérature
aussi radicale que l’ont été les œuvres et recherches
des années 80. Elles ouvrent en tout cas les portes de nouvelles structures
et de nouvelles utilisations de ce dispositif multiformes.
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